Mesdames, Messieurs,
Nous attendions ce scrutin depuis cinq ans. Nous
nous étions redressés depuis 2002. Nous avons obtenu de belles victoires aux
régionales et aux européennes. Nous avions ouvert des pratiques nouvelles à
travers une désignation exemplaire de notre candidate à l’élection
présidentielle.
Néanmoins, ce soir, malgré tous ces efforts,
malgré toute cette action, la victoire n’est pas au rendez-vous.
C’est Nicolas Sarkozy qui a été élu Président de
la République.
Il a pu obtenir ce résultat par un rassemblement
de toutes les droites : de l’extrême droite jusqu’au centre droit. Il a pu
aussi parvenir à ses fins parce qu’il a multiplié les promesses, alors même
qu’il était le candidat de la majorité sortante depuis 2002 et qu’il a donc
réussi, il faut bien le dire, une opération de mystification qui se révélera
dangereuse pour le pays.
Néanmoins, il est le nouveau Président de la
République. Et nous devons faire en sorte, aujourd’hui, dans le respect du suffrage,
de partager le pouvoir, de permettre que la force qui représente aujourd’hui la
gauche, et au-delà de la gauche, les valeurs de la République, puisse faire
prévaloir l’équilibre et préparer l’avenir.
Je veux remercier et saluer Ségolène Royal qui, par
sa campagne, sa ferveur, sa capacité de conviction, sa force de caractère sur
des valeurs qui nous sont communes a réussi à mobiliser, pas suffisamment, tant
de nos concitoyens et nous sommes tout près de la victoire, sans l’avoir
obtenue.
Je veux ensuite remercier les près de 18 millions
de nos concitoyens qui ont porté leur suffrage sur Ségolène Royal. Je sais
aujourd’hui ce qu’est la force de ce vote, même s’il n’a pas pu être
majoritaire. Je sais ce qu’il contient de perspectives d’avenir. Je sais ce
qu’il constitue d’élan et de rebond pour les élections législatives qui
arrivent.
Je veux dire à ces électrices et électeurs que
leur vote aura été utile. Il ouvre, là, d’autres étapes –et bientôt proches-
pour la reconquête. Je sais aussi leur déception et même le désarroi de
beaucoup. Je veux lancer un appel au calme et à la cohérence.
Le calme, parce que dans la République, c’est la
loi du suffrage. Il faut avaler sa colère, sa frustration, sa peur pour porter
cette énergie dans un futur suffrage, dans un mouvement qui doit se faire dans
le cadre de la République et de la démocratie et nulle part ailleurs.
Je veux dire aussi à ces électeurs qui espéraient
tant dans le changement et qui voulaient écarter les chocs d’une droite dure
que leur combat prend une autre dimension avec les élections législatives qui
viennent.
Pour poursuivre dans cet esprit, il faut que la
gauche –et le Parti socialiste notamment- se rassemble. Ce qui vient de se
produire est trop grave, trop risqué pour l’avenir ; les enjeux nous dépassent
et nous devons être exemplaires. Cela n’empêchera pas les examens de
conscience, les regards critiques. Mais, aujourd’hui, c’est le moment de la
clarté et du rassemblement. Et, il faudra, dans cette campagne des élections
législatives, que, comme Premier secrétaire avec tous les talents, toutes les
personnalités du Parti socialiste qui ont leur place et leur rôle, nous
fassions un effort collectif pour être à la hauteur du défi qui est devant
nous. Il s’appelle l’alternance, la démocratie, la capacité à ouvrir une
espérance. Il y a cette déception, cette défaite mais aussi cet élan collectif
qui permet tout, qui autorise tout.
Au-delà des élections législatives, la gauche
devra se réunir davantage, refonder ses idées, porter aussi un message d’ouverture
et d’élargissement. Nous entendons donc rassembler, rassembler autant qu’il
sera nécessaire, mais sur des valeurs qui sont celles de la solidarité et de la
modernité. Et il y a place pour d’autres que nous dans ce rassemblement.
Je veux dire à tous les militants, les
sympathisants du Parti socialiste qu’ils peuvent être fiers. Aujourd’hui, même
s’il y a là comme une frustration et de colère, ils peuvent être fiers ; ils ne
doivent pas se résigner. Il n’y a pas de fatalité. Nous sommes là après une belle
campagne et une épreuve car ce n’est pas notre candidate qui a été désignée.
Mais nous sommes aussi là avant d’autres échéances. Et la force que nous avons
été capable de lever, les idées qui sont les nôtres, l’élan collectif que nous
devons produire feront des victoires pour demain.
Soyons-en dignes, soyons-en capables. Nous ne
pourrons être dignes et capables que si nous sommes unis, ouverts et sûrs de
nos convictions.
François Hollande